Brunico en Coupe d’Europe à Bilbao

par

Anastasia Savina

publié le

21 octobre 2014

1er match
Notre apprenti-Grand-Maître vandopérien Brunico (Nicolas Brunner pour les non-initiés!) nous livre un beau reportage sur la coupe d’Europe des clubs 2014 à laquelle il a eu la chance de participer avec son club luxembourgeois Echternach le mois dernier :

  1. Description de la compétition / Introduction :

Il s’agit d’une compétition de haut niveau où chaque pays d’Europe envoie ses deux ou trois meilleures équipes.

On distingue plusieurs types d’équipes :

  1. Les équipes qui viennent pour gagner la compétition en alignant les meilleurs mondiaux, comme le vainqueur SOCAR Azerbadjian (Mamedyarov, Topalov, Adams, Giri, Radjabov, Wang Hao) ou les russes de Malakhite (Karjakin, Grischuk, Leko, Shirov,)…..
    Adams

Il est à noter que ces équipes doivent payer 2500 euros d’inscription par joueur qui n’auraient pas joué deux parties dans le championnat interclubs avec le club en question.

  1. Les équipes des « grandes nations » qui alignent de bons joueurs mais pas forcément les meilleurs avec l’ambition de juste faire une place respectable. Les équipes des clubs français ou allemands jouent avec cette philosophie.

  2. Enfin, les équipes des petites nations qui ont des joueurs de niveau beaucoup plus modeste. On trouve dans cette catégorie le Luxembourg, Monaco, l’Irlande, la Finlande, …

Mon équipe faisait partie du groupe 3 et nous n’avions pas de grosses ambitions.

Notre Equipe

Notre équipe était assez hétérogène avec deux 2450-2500 devant dont votre serviteur puis des joueurs à 2000-2100, avec un joueur à 2300 au troisième échiquier.

Le GMI de l’équipe, Gennadij Ginsburg m’a laissé jouer au premier échiquier afin que j’ai eu une chance de jouer pour ma dernière norme de GMI si ça tournait bien (à la fois individuellement mais aussi collectivement vu qu’il m’aurait fallu jouer 3 GMI ce qui ne fut pas le cas).

6th match

  1. Résultats

Mon équipe a eu un début difficile avant de bien finir pour finir avec une très honorable 29ème place alors que nous étions 42ème sur 50 en liste de départ élo.

Pour ma part, le résultat fut un poil en dessous de ce que j’aurais voulu en subissant deux difficiles défaites aux rondes 2 & 3 dont l’une face à mon ami et ancien coéquipier, le bien connu Christian Bauer.

Ces défaites furent quand même riche d’expérience et m’axe le travail des prochains mois.

J’ai joué ronde 4 une partie extrêmement intéressante et hautement tactique. C’est le seul diagramme que je fournirai de mes parties, les autres étant moins spectaculaires.

  1. Atmosphère générale de la compétition

Il règne une atmosphère très spéciale dans cette compétition tant le nombre de forts joueurs et de star mondiale est important.

J’ai pu assister à quelques mètres aux rencontres Caruana-Mamedyarov 1-0 ; Topalov-Nakamura 1-0 ; Caruana-Karjakin 0,5 et bien d’autres encore….

Karjakin Mamedyarov Caruana

Le nombre de forts joueurs étant tel que même des joueurs comme Morozewitsch ou Kamsky pourtant ancien challenger au titre mondial, passent limite inaperçu aux yeux des gens… !

En effet l’attention était plus de mise sur les rising stars comme Caruana, Karjakin, Giri et sur les toutes meilleures équipes.

  1. Règles particulières

La compétition étant d’importance, il y avait les nouvelles règles anticheating en vigueur comme l’interdiction de posséder un téléphone portable sur soit, l’interdiction de se mettre face à ses coéquipiers pour le capitaine (règle évidemment un poil moins strictement respectée) et un nombre d’arbitres très important.

Certains ont critiqué et critiquent ces mesures mais à titre personnel j’y suis favorable et j’ai trouvé que ce n’était pas du contraignant et que laisser son Smartphone dans le coffre de sa chambre d’hôtel pendant le temps de la partie est simple et acceptable pour tout le monde.

La logique voulait aussi que les joueurs quittent l’air de jeu une fois que la partie s’était terminée mais les arbitres sur ce point précis n’étaient pas si stricts. Il était possible de rester pour observer les parties des autres équipes.

Il y avait d’autre part la règle anti nulle par consentement mutuelle avant le 40ème coup. Cela commence à être standard dans les tournois, ce qui est un bon intermédiaire entre zéro proposition et proposition libre. Par contre mon adversaire de la ronde 5 m’a proposé nulle au 15ème dans une position égale ce qui m’a pas mal agacé car perturbant. Je n’ai pas trop cru qu’il puisse ne pas être au courant de la règle comme il me l’a prétendu mais bon il fallait faire avec et jouer 40 coups sans erreur. La nulle fut signée par une répétition dans une finale dead draw au 45ème.

  1. Tournoi Masters

En parallèle, il y avait un tournoi Masters qui fut un poil moins palpitant que la coupe d’Europe des clubs car le suspens n’était pas là : Anand a dominé le tournoi mais il faut dire que le tournoi était trop déséquilibré entre Anand/Aronian bien au dessus de Ponomariov/Vallejo Pons.

Bilbao Masters

  1. Points négatifs sur l’organisation

Oppening Ceremony 1 Oppening Ceremony 2

L’organisation a quand même été décevante sur plusieurs aspects mais je n’ai pas d’élément de comparaison.

  • La retransmission ne marchait pas bien et n’était que partiel ; moitié de tableau non retransmise. Je n’ai pour ainsi dire eu aucune de mes parties retransmise !

  • Pas de salle d’analyse durant les premières journées

  • Impossible d’avoir son appariement de la première ronde pour cause de server down ; même sur le lieu du tournoi rien n’était affiché !

  • On nous a interdit l’accès à la remise des prix soit disant car nous étions en retard alors que la dernière partie de mon match a duré 150 coups jusque 20h30… les organisateurs ne nous ayant même pas attendus avant de commencer la remise des prix évidemment…

  • Et le meilleur pour la fin : Pour 110 euros payé par mon club, nous étions censé avoir frais inscription + transfert bus hotel-aéroport. Le dimanche, le bus était censé passer à 13h à notre hôtel (avion à 15h30). Nous étions plus de 20 joueurs à attendre. 13h10 rien, 13h20 : Skripchenko + Lahno décident de prendre taxi. 13h30 rien, 13h35 je propose aux deux finlandais à côté de moi + un joueur de mon équipe de partager un taxi à 4. 13h40 on passe à l’acte, 13h45 taxi arrive et il n’y avait toujours pas de bus !

14h, Agrest décide de faire idem (il nous a raconté ça à l’aéroport). A l’aéroport je croise Fiona et Kosteniuk qui n’avaient pas non plus eu de bus depuis leur hôtel !

Bref l’organisation a failli faire loupé l’avion à 20 joueurs d’échecs, je trouve ça sans mot surtout quand on fait payer 110 euros.

Rejoindre l’aéroport par ses propres moyens n’est pas un problème mais quand on compte sur une navette (et qu’on été forcé de la payer) qui n’arrive jamais c’est scandaleux.

  1. Que visiter à Bilbao ?

Je ne serais pas allé à Bilbao en touriste mais étant sur place j’en ai quand même profité pour visiter la curiosité du coin, à savoir le musée gugenheim. Quelques photos ci-dessous.

Il faut évidemment apprécier l’art moderne pour apprécier ce style de musée ; j’ai apprécié certaines choses, d’autres moins. Cela m’aura peut être permis de trouver un peu d’inspiration pour les parties !

Musée gugenheim Musée gugenheim 2

Pos1 Pos2

Nous sommes ronde 4 avec deux défaites de suite aux rondes 2 & 3. Je suis apparié face à un hollandais ayant environ le même classement: Broekmeulen, Jasper. L’envie de sortir son grand-jeu est là et je joue une partie hyper complexe. Dans la position du diagramme (coup 29), il reste environ 5 min aux deux joueurs et je joue Ta1-a7 pour clouer le fou b7.
Mon adversaire me joue alors tempo un coup que j’avais calculé mais que j’avais décidé « d’autoriser » ne voyant pas une suite claire pour lui et ne voyant surtout pas de moyen convainquant de prévenir le coup. Ce coup est Ch3 !!

Après un enchainement de trois coups forcés: 30.xh3 Qg5 31.Fg3, mon adversaire me place le très fort 31…Cd3 ; diagramme 2.

Que jouez vous avec les blancs alors qu’il vous reste moins de 5 minutes pour rester dans la partie ? Deux coups possibles, j’ai joué le « deuxième » plus fort au sens ordinateur mais peut être le plus fort au sens « humain » car ma défense obligeait les noirs à trouver un seul coup « loupable » mais que mon adversaire a trouvé…. Nulle conclue au 63ème coups après deux autres retournements…

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