Coup de théâtre à l’abbaye

par

Matthieu Pourquet

publié le

20 janvier 2020

Pour ce premier match de la nouvelle année, notre équipe de Vandœuvre 4 a décidé de voir les choses en grand en recevant Pont-à-Mousson. Pas en grand au niveau de notre classement élo hélas, bien au contraire avec l’absence de plusieurs piliers de l’équipe habituelle, mais en grand au niveau du monument qui allait accueillir la rencontre.

En effet, c’est bien en terre mussipontaine, à l’Abbaye des Prémontrés, que nous avons reçu Pont-à-Mousson à domicile. Ne cherchez pas la logique dans tout cela, pas plus que dans le dix-neuvième coup du capitaine remplaçant, auteur de ces lignes et dont on taira le nom par pudeur :

Les blancs jouent et apprennent que la gourmandise est un vilain défaut.

Après l’affreux Fxa6, Ta8 et les blancs envisagent un instant d’arrêter leur carrière. La situation du capitaine étant ainsi déjà désespérée, l’après-midi s’annonce toute aussi douloureuse que prévu. Car si vous comparez les classements élo entre nos adversaires et nous, le favori est très clair : nous sommes en moyenne 340 points en dessous.

C’est pourtant nous qui marquons le premier point à la surprise générale grâce à Pierre qui bat rapidement un adversaire nettement plus fort sur le papier ! Les autres parties semblent équilibrées, voire mieux pour notre camp. Claude B a une dame en moins, mais une tour, un fou et un cavalier en plus. Mattéo a deux belles tours sur la colonne F.

De mon côté, bien plus tard dans la partie, je manque une occasion d’arracher la nulle en finale malgré le déséquilibre matériel.

Les blancs jouent et sauvent le navire.

Je n’ai pas joué le bon coup ici avec les blancs, voyant un clouage qui n’existait pas. Contrairement à la gaffe décrite précédemment où je n’ai pas vu un clouage qui existait. Mais si vous avez trouvé la solution, donnez-la en commentaire !

Je serre la main de mon adversaire et signe sa victoire peu de temps après. Au moment de noter le score sur la feuille de match, il découvre effaré et en même temps que moi que son équipe, ultra favorite, est pourtant menée 3-1 ! Il ne fait que remonter à 3-2.

Pablo a été battu par plus fort que lui, tandis que Frédéric et Moussa ont fait des grosses performances. Dans une défense française avec les blancs, une variante de Tarrasch avec un pion sacrifié pour de l’activité, Frédéric a refusé une proposition de nulle contre un adversaire qui avait 400 points élo de plus. Et contre qui il avait déjà fait nulle par accord mutuel la saison dernière. Mais cette fois-ci, l’analyse objective de la position lui donnait un net avantage, et refuser la nulle était le bon choix. Il a remporté la victoire en étouffant petit à petit la position de son adversaire.

Du côté de Mattéo, une belle manœuvre de cavalier permet d’améliorer sa position avec les noirs. Le pion d5 s’est avancé en d4 afin de pouvoir jouer Cd5 suivi de Ce3. C’est prometteur.

La position de Claude B s’est ouverte : les tours, le fou et le cavalier sont à l’attaque contre un triste couple dame-tour esseulé et impuissant. Mais toute tragédie a droit à son coup de théâtre. Alors que quelques coups plus tôt, il avait 14 minutes restantes contre 3 minutes, c’est lui qui oublie la pendule. Et qui tombe. Au 39ème coup. Juste avant le rajout de temps. Terrible coup dur pour le joueur vandopérien qui avait une position gagnante !

3-3. Le camp vandopérien est encore sous le choc de cette impitoyable pendule. Mais deux parties sont encore en cours. Charlie est en finale de dame + fou de chaque côté, des pions passés des deux côtés, et les deux rois sont vulnérables. Une position très dangereuse pour les deux camps et où tout peut arriver.

Quant à Mattéo, il convertit son avantage positionnel en avantage matériel. On se retrouve en finale de fous de couleurs opposées avec deux pions d’avance passés et liés. Puis 3 pions d’avance, puis 4 pions quelques minutes plus tard. Le quatrième point est dans la poche !

Reste donc la partie de Charlie avec les blancs. La plus déséquilibrée sur le papier. Son adversaire, avec une position intenable, propose un échange de dames en jouant Df6 :

Les blancs jouent et paralysent les noirs à tout jamais.

Pas de problème de pendule cette fois-ci, avec 30 minutes contre 5 minutes. Charlie prend donc tout le temps nécessaire pour s’assurer que l’échange de dames est la bonne décision. Après l’échange des dames et Fb3, les deux pions en e7 et f7 paralysent les deux seules pièces noires restantes. Le roi blanc grignote le pion f2 puis marche inéluctablement jusque c8. Incroyable performance !

Je finirai par cet extrait de conversation avec Claude A :

5-3. Miracle à l’abbaye ! Ce match restera dans les annales. Bravo à toute l’équipe et en particulier aux jeunes remplaçants qui nous ont régalés !

Christophe T, capitaine remplaçant

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