De Neufchâteau à Châteauneuf

par

Matthieu Pourquet

publié le

17 janvier 2018

Facétie d’un hasard taquin ou taquinerie d’un hasard facétieux : la 5ème ronde verrait s’affronter les deux équipes du groupe dotées d’un château, quoique le leur soit beaucoup plus récent que le nôtre. Nous avions donc ce dimanche le plaisir de recevoir l’équipe de Neufchâteau, mais chez elle, un concept qui ne doit exister qu’aux échecs, mais passons.

A ce propos, le premier de mes lecteurs qui trouvera le nom des habitants de cette ville vosgienne où Jeanne d’Arc vint faire sa communion sans consulter Wikipédia gagnera un exercice tactique dédicacé par Cédric himself.

Pour ce déplacement à haut risque, décisif pour le maintien, nous avions donc besoin :

1) de 8 joueurs en état de pousser du bois (ce qui supposait que la gueule du même métal consécutive aux deux réveillons ait été elle aussi repoussée).

2) d’un deuxième véhicule, et donc d’un deuxième chauffeur, sobre lui aussi de préférence.

3) de vaccins à jour, puisque nous quittions le département.

Christophe T. accepta en échange des Blancs de faire le second pilote et Jérémie sans contrepartie de faire le huitième homme. Chedy arriva presque à l’heure. Tout roulait. Sauf qu’à peine sortis du parking du château, nous fûmes confrontés à une divergence de point de vue qui lézarda quelque peu notre bel esprit d’équipe : le GPS de l’ami Christophe l’exhortait à tourner à droite, tandis que le mien m’ordonnait de tourner à gauche. Nous suivrons donc des routes séparées, mais arriverons exactement en même temps : tous les chemins mènent à Novum Castrum. Anecdote qui n’a d’autre intérêt que de me faire gagner quelques lignes de con-te rendu sans trop d’efforts, c’est un certain Balzac qui m’a refilé la combine.

L’accueil de nos hôtes fut royal, ce qui est la moindre des choses pour des châtelains, fussent-ils de noblesse récente : échiquiers en bois, café offert, vue imprenable (d’ailleurs personne ne l’a prise), et surtout cet état d’esprit qu’on pourrait résumer ainsi : jouer sérieusement sans se prendre au sérieux.

Nos hôtes poussèrent d’ailleurs le sens de l’accueil jusqu’à nous offrir le premier point du match. A l’issue d’une partie blitzée, Théo et son adversaire se retrouvèrent en finale de pions. Un fantassin imprudemment avancé trop rapidement permit au jeune Vandopérien de prendre un avantage décisif. Quelque temps plus tard, votre serviteur doubla la mise : mes pions centraux emportèrent tout sur leur passage et permirent à un cavalier infiltré de planter une jolie fourchette. Et comme Christophe possédait un gros avantage matériel, nous ne pouvions rêver meilleur départ.

Mais Caïssa était d’humeur taquine et décida de jouer un tour à l’inexpérimenté Alex : s’étant assuré auprès de moi qu’il y avait bien un rajout de 30 minutes, le toujours jeune Papymotard décida de prendre le temps de la réflexion avant de jouer son 30 et quelquième coup… Neufchâteau comblait une partie de son retard.

Fred, contre un adversaire plus fort, s’était lancé dans une attaque prometteuse mais après quelques imprécisions, dut s’incliner. Quant à Jérémie, sa position était digne de figurer dans la page hebdomadaire «Entraînez-vous avec Cédric» tellement on n’y comprenait rien, avec des clouages en veux-tu en voilà, des rois en petite tenue, un monstrueux pion passé  à une case de la Terre promise… mais ce fut son adversaire qui trouva le premier la solution. Comme entre-temps Christophe l’avait emporté, le score affichait une parité parfaite, et il restait deux parties.

Chedy luttait vaillamment dans une finale avec 2 pièces légères de part et d’autre, et plein de pions. Plein de pions, mais un de moins pour le Vandopérien… Florian se debattait dans une finale de tours à l’issue incertaine. Après de loooonnngues manoeuvres dont je vous épargne le détail, le 7ème échiquier de Neuchâteau finit par vaincre la résistance désespérée de Chedy, qui rejoignit les kibitzeurs groupés tels des mouches autour de la partie de Florian.

Une nulle suffisait au joueur de Neufchâteau pour que son équipe emportât le match, et nulle il cherchait. Nulle d’ailleurs était la position malgré le pion de plus de Florian : il suffisait aux Blancs d’échanger leur dernier fantassin de manière à ce que les Noirs se retrouvassent avec un pion Tour. Mais fut-ce la longueur de la partie, ou la pression du résultat, quoi qu’il en soit le joueur de Neufchâteau gaffa et offrit la victoire à Floflo le Héros !

Superbe match nul, donc, qu’il convenait de fêter comme il se doit le soir même avec une bonne bouteille de Châteauneuf-du-Pape !

 

 

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