Entraînez-vous avec Cédric (5)

par

Cedric Paci

publié le

18 décembre 2017

 

Из России с любовью

Les Superfinales du championnat de Russie, équivalents de nos nationaux français , se sont terminées la semaine dernière à Saint Pétersbourg et ont vu les victoires du « local » Peter SVIDLER chez les hommes et de la jeune (19 ans) Alexandra GORYACHKINA chez les femmes.

Pays du jeu d’échecs par excellence, la Russie a toujours produit des championnats extrêmement relevés. A l’époque de l’URSS, la légende voulait qu’il était plus difficile de remporter le titre national que le titre mondial ! 🙂 🙂 Il suffit de regarder la liste des vainqueurs au fil des années pour reconnaître une part de vérité dans cette assertion 🙂

 

Depuis quelques années, les tout meilleurs joueurs russes ne participent plus que de temps à autre… mais le niveau reste formidable ! Cette année, les deux tableaux dépeignaient un subtil mélange de fougue (les jeunes) et de sagesse (les vieux) 🙂

Egalité parfaite au final ! La jeunesse s’imposa chez les femmes, la prometteuse Alexandra GORYACHKINA écartant son aînée Natalija POGONINA lors des départages rapides.

Le diagramme qui suit est tiré de sa deuxième ronde face à sa coéquipière en équipe nationale Olga GIRYA. Les Blancs jouent et terminent proprement le travail :

L’expérience prit le dessus chez les hommes, Peter SVIDLER prenant lentement mais sûrement l’ascendant sur les jeunes lièvres Vladimir FEDOSEEV et Daniil DUBOV, puis s’adjugeant de belle manière le départage face à Nikita VITIUGOV.

Pour preuve le diagramme suivant dans lequel SVIDLER, avec les Noirs, exécuta son adversaire avec précision. Les Noirs jouent et gagnent le championnat de Russie :

Ceci n’est pas moins que le huitième (!!!) titre pour Peter SVIDLER, de très loin le recordman en la matière depuis 1991, année du premier championnat de Russie. Pour rendre honneur au talent de ce fantastique joueur, je vous propose trois autres exercices provenant de ses parties.

Le premier est issu du tournoi de Novgorod en 1995. SVIDLER, alors âgé de 19 ans, conclut efficacement la partie. Les Blancs jouent et gagnent :

Le second provient du fameux tournoi Amber, jadis organisé à Monaco et divisé en une compétition à cadence rapide et une autre de parties à l’aveugle. C’est lors de la première session que SVIDLER, avec les Noirs, vint à bout du GM hollandais Loek VAN WELY. Les Noirs jouent et gagnent :

Enfin, le dernier exemple représente peut-être la meilleure création du super GM russe. Lors de la FIDE World Cup qu’il remporta brillamment, SVIDLER écarta le redoutable GM américain Gata KAMSKY d’une manière inoubliable ! Les Noirs jouent et gagnent leur place dans les annales échiquéennes :

Ce feu d’artifice rappelle immanquablement une autre combinaison inoubliable, que tout amateur d’échecs se doit de connaître, j’ai nommé l’immortelle du GM polonais Akiba RUBINSTEIN (1882-1961). Evidemment l’un des plus forts joueurs à n’avoir jamais été champion du monde, ses parties (et ses finales !) restent encore aujourd’hui des modèles à étudier ABSOLUMENT ! Tout comme le match FISCHER-KARPOV de 1975, l’affrontement qui aurait du avoir lieu entre RUBINSTEIN et le champion de l’époque Emmanuel LASKER restera à jamais un manque dans l’histoire du jeu… Après le passage de la première guerre mondiale, la santé du Polonais ne fût plus jamais la même…

 

Sur la photo : à droite le « Great Akiba » comme l’écrivit Garry KASPAROV, opposé avec les pièces blanches au deuxième champion du monde de l’histoire, Emmanuel LASKER, lors du tournoi de Saint Pétersbourg en 1909. Le Polonais remporta avec brio ce duel (http://www.chessgames.com/perl/chessgame?gid=1119726) et ces deux géants partagèrent la première place avec 14,5/18 (!)

En hommage à cet artiste des 64 cases, voici donc la position issue de sa partie face à son compatriote, le maître Georg ROTLEWI. Les Noirs jouent et nous en mettent plein les yeux :

Et bien sûr, une petite étude pour prolonger un peu le voyage 🙂

Une jolie création de l’un des plus célèbres compositeurs, vu par beaucoup comme le fondateur de la composition moderne, le Russe Alexey TROITZKY (1866-1942).

Comme par magie, les Blancs jouent et gagnent !

Enjoy 😉

 

Solutions des exercices de la semaine dernière :

Partie Carlsen-Nepomniachtchi : 1…Txc5 ! Clouage ! 2.dxc5-Dxa1+ 3.Rh2-Dxa5 4.Dc6 la pointe sur laquelle comptait le Norvégien mais… Da4 ! garde le matériel et gagne la partie !

Partie Wei-Deac : Suite à l’évident 1.Fh6+ la partie se termina abruptement sur Fg7 2.De5 !! L’autre réponse 1…Rg8 perd aussi après 2.Df3 ! et les Noirs sont en zugzwang ! Par exemple …Dxd4 3.c3! – Db6 4.Td7 ! – Tb8 (ou 4…Tf8 5.Txf7!) 5.Tb7 !! D’impressionnants motifs géométriques !

Partie Sarin-Jensson : 1.Cxf7 ! sans faire dans le détail Rxf7 2.Cg5+ suivi de Cxe6 gagne au moins la dame noire.

Partie Fischer-Reshevsky : 1.Fxf7+ !! – Rxf7 (ou 1…Txf7 2.Ce6 ! quand même) 2.Ce6 !! attrape la dame noire ou mate si les Noirs se montrent trop gourmands par Rxe6 3.Dd5+ – Rf5 4.g4+ ! – Rxg4 5.Tg1+ etc…

Etude de W.Steinitz : 1.h7+ – Rg7 forcé 2.h8=D+ !! surprise ! – Rxh8 3.Rf7 ! Menace à la fois Ff6 mat et g7+ – Tf1+ 4.Ff6+ – Txf6+ 5.Rxf6-Rg8 6.g7-Rh7 7.Rf7 gagne.

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