Entraînez-vous avec Cédric (6)

par

Cedric Paci

publié le

25 décembre 2017

 

Ah Noël ! La neige, le Père Noël sur son traineau emmené par ses rennes, les cadeaux déposés au pied du sapin, les sourires qui illuminent les visages des enfants… L’éternelle magie de Noël !

Et pendant ce temps, au moment d’entamer le dessert, que faisons-nous, nous joueurs d’échecs ??? Nous continuons à préparer l’open de Vandoeuvre en résolvant des problèmes ! Notre manière à nous de « bûcher » !

Je vous propose une édition spéciale en cette occasion si particulière. Quel coup représente au mieux la magie de Noël sur l’échiquier ? La promotion bien sûr, thème extraordinaire par excellence dans notre jeu si logique ! 🙂 Pour illustrer mon propos, voici une histoire bien connue… et très légèrement remaniée 🙂

Il était une fois un club d’échecs ouvert la nuit du réveillon de Noël… Les parties effrénées de quelques irréductibles furent interrompues par l’entrée d’un homme à la barbe fournie, vêtu de rouge et de blanc et rapidement identifié comme non licencié au club.

Après s’être excusé de sa visite impromptue, il expliqua être en plein apprentissage du noble jeu et avoir besoin d’un simple éclaircissement auprès de joueurs compétents : quelle est la règle de la promotion aux échecs ?

Tous répondirent en choeur : « C’est très simple, lorsqu’un pion atteint la dernière rangée de l’échiquier, il peut être changé en toute pièce choisie par le joueur. »

L’homme remercia les joueurs et leur proposa un petit problème en cadeau. Les Blancs jouent et matent en 3 coups :

Après plusieurs minutes de réflexion, les joueurs séchaient honteusement… et prièrent leur visiteur de leur livrer la solution qui suit :

Le seul coup est 1.d8=Roi !!:-) Il apparaît soudain que le Roi noir est pris au piège, tant après …Re6 2.Tf1-Rd6 3.Tf6 mat que 1…Rc6 2.Tb1-Rd6 3.Tb6 mat !

Une fois leur stupéfaction passée, les joueurs convinrent de corriger leur définition précédente : « Lorsqu’un pion atteint la dernière rangée de l’échiquier, il peut être changé en toute pièce choisie par le joueur, à l’exception du Roi. » La règle est maintenant exacte, pensaient-ils 🙂

L’homme les remercia à nouveau et leur offrit un second petit présent 🙂 Les Blancs jouent et matent en 3 coups :

Les joueurs retrouvèrent le sourire cette fois et annoncèrent avec confiance leur simple solution : il suffit de déplacer le Fa1 en b2 ou c3 ou d4…etc pour éviter le Pat, puis après la promotion du pion noir suivront les coups 2.Rg3 et 3.Dh2 mat ! « Faux ! » répondit l’homme « Le seul coup est 1.Ff6 !! » Pourquoi ? Parce que si l’on place le fou sur une autre case, les Noirs nous réfuteraient par 1…a1=Pion !! et 2.Rg3 ne serait plus possible 🙂 Après 1.Ff6 donc, 1…a1=P serait contré par Fh4!-Rh2 3.Fxf2 mat

Leçon retenue ! La règle améliorée et désormais complète est donc : «  Lorsqu’un pion atteint la dernière rangée de l’échiquier, il doit être changé en toute pièce choisie par le joueur, à l’exception du Roi. »

L’homme les remercia encore et un troisième exercice apparut. Les Blancs jouent et matent en 3 coups :

1.f8=D, avec l’idée 2.Rh7 et Dxh6# se heurte à g2 2.Rh7-g3 et les Blancs risquent même de perdre !

« Ah 1.f8=C alors, avec l’idée 2.Ch7 et 3.Cf6# !!!  » Mais que faire après 1… Ff1 2.Ch7-Th2 et le Roi noir s’échappe…

Encore un échec pour les joueurs et après de longues minutes, l’homme vint à leur secours : « La solution est 1.f8= ? » Les Blancs laissent leur Pion tel quel pour le moment et attendent la réponse noire pour choisir en quelle pièce il sera changé 🙂 Si 1…Ff1 alors les Blancs opteront pour la Dame et continueront par 2.Rh7 suivi du mat. Et si 1…g2, ils prendront alors le cavalier et poursuivront par 2.Ch7 et 3.Cf6#

En état de choc et après une discussion animée, les joueurs se mirent d’accord sur une définition complète et absolument définitive : «  Lorsqu’un pion atteint la dernière rangée de l’échiquier, il doit être immédiatement changé en toute pièce choisie par le joueur, à l’exception du Roi. »

« Cette fois c’est sûr ! » s’exclamèrent les joueurs.

L’homme les remercia une énième fois et disposa un nouveau casse-tête. Les Blancs jouent et matent en 2 coups (pour changer!) :

Après avoir épuisé tous les coups candidats, le groupe annonça que l’exercice était impossible. Et pourtant… « Il vous suffit de jouer 1.Db8+ !! – Txb8 2.axb8=T (noire!) mat » révéla l’homme avec un sourire ! Suivirent quelques secondes de silence, puis un fou rire général !

La règle officielle est donc : «  Lorsqu’un pion atteint la dernière rangée de l’échiquier, il doit être immédiatement changé en toute pièce de la même couleur choisie par le joueur, à l’exception du Roi »

L’homme remercia tout le monde une dernière fois, s’excusa de devoir partir et laissa derrière lui une hotte pleine de pendules toutes neuves pour blitzeurs infatigables 🙂

 

Moralité : Don’t mess with Santa Claus ! 🙂

 

 

JOYEUX NOEL A TOUS 🙂

 

 

 

Réponses des exercices de la semaine dernière :

Partie Goryachkina-Girya : 1.Cg6+ ! – fxg6 2.Df6+ suivi de Dxe6+ et la Td5 tombe.

Partie Vitiugov-Svidler : 1…Fxg3+ ! 2.Rxg3-De3+ 3.Te3-De1+ ou 3.Df3-De5+ 4.Rh3-Dh8+ gagnent.

Partie Svidler-Dmitriev : Le joli 1.Dc1 ! menaçant à la fois Dh6 et la tour noire, clôt les débats.

Partie Van Wely-Svidler : 1…Td8+ 2.Rc3-Cc7 ! vers b5 pour mater 🙂

Partie Kamsky-Svidler : 1…Te2 !! 2.Dc3 (ou 2.Dxe2-Dg3!) Txf2 3.Cc6-Txf1+ et l’Américain abandonna.

Partie Rotlewi-Rubinstein : 1…Txc3 !! 2.gxh4-Td2 !! 3.Dxd2-Fxe4+ 4.Dg2-Th3 ! Magnifique exemple d’harmonie 🙂

Etude de Troitzky : 1.Tb8 !! – Dd5+ 2.Rb2-Dxf7 3.Tb7+ – Ra8 4.Cc6 !! la pointe ! 1-0

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