Interclubs : la vie de château !

par

Matthieu Pourquet

publié le

6 octobre 2015

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Vendredi 25 septembre, QG de Vandoeuvre Echecs :

« Mon colonel, vous vouliez me voir ?

_ Oui, capitaine Patate. On a un problème pour la première ronde des interclubs.

_ Je vois… C’est pareil chaque année. En plus, avec cinq équipes engagées, dont deux en R1, on va avoir encore plus de mal à trouver des joueurs disponibles… Mais si tôt dans la saison, c’est inquiétant !

_ Pas du tout, Patate, vous n’y êtes pas ! Notre problème, au contraire, c’est que nous avons TROP de joueurs ! 

_ Ben, c’est plutôt une bonne nouvelle, non ?

_ Décidément, Patate, vous ne comprendrez jamais rien à rien ! D’habitude, quand nous perdons un match, j’ai une excuse toute trouvée : il nous manquait des joueurs, si les titulaires attitrés avaient été là, on aurait gagné facilement, blablabla. Mais là, Patate, comment je vais faire pour justifier nos défaites devant les sponsors ?! L’année anniversaire des 20 ans du club ?! C’est impensable, vous entendez ? IMPENSABLE !»

Vendredi 2 octobre, QG de Vandoeuvre Echecs

«Chef, chef, on a une tuile de dernière minute ! Jean T est terrassé par un méchant virus, il est forfait pour dimanche !

_ Ah, mais c’est une excellente nouvelle, ça ! Maintenant je pourrai expliquer la défaite de Vandoeuvre V en R1…»

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Dimanche 4 octobre, oubliettes du château du Charmois

Vandoeuvre III en N4 : avec une équipe comme celle-là, la défaite est interdite. En plus, je n’y joue pas.

Découvrant la feuille de match, les Nancéiens de Stan font une drôle de tête. Surtout l’ami Yann, qui officie au 8ème échiquier, et qui s’était préparé contre moi : il affrontera Malika. Qui elle-même, en voyant Yann, fait une drôle de tête : elle pensait avoir une fille pour adversaire.

Malika, justement, ne devait pas survivre à l’ouverture. Mais notre fin stratège réussit à faire pénétrer une tour dans les fortifications ennemies. Est-ce le charme de notre féminine qui fit craquer Yann ? Toujours est-il que le vice-président de Stanislas Echecs fut le premier à quitter l’arène (et la reine).

Jiji avait bien écouté Christophe au cours du vendredi. Constatant que deux pièces de son jeune adversaire ne jouaient pas, le plus Marseillais des Vandopériens décida de faire comme Bobby : se débarrasser du superflu en sacrifiant une pièce et une tour. Vandoeuvre doublait la mise.

Interclubs 2015 2016 R1 010Et 1, et 2, et 3-0 : Jean-Christophe marquait à son tour son but, imité quelque temps après par la nouvelle recrue, Manu.

Aliaume avait lui aussi des envies de sacrifices. Il envoya gaillardement au feu une tour et la cavalerie, prit la dame adverse à la hussarde, et conclut victorieusement une attaque magistrale, à moins que ce ne soit l’inverse.

Qui a dit que les finales de fous de couleurs opposées sont toujours nulles ? Pas Jean en tout cas, qui convertit son pion supplémentaire en victoire, avec l’aide il est vrai de son infortuné adversaire.

Frédéric en galant homme ayant concédé le point de politesse, il ne restait donc plus qu’Alain, au sujet duquel les avis autorisés (par qui ?) s’accordaient à penser qu’il allait perdre. Mais par un de ces retournements dont il a le secret (ça l’est d’ailleurs tellement que je suis dans l’incapacité de vous révéler comment il a fait), Alain fut victorieux, portant le score final à 7 à 1. Un score qu’on pourrait presque qualifier de Fischérien∗, mais attention : comme Svidler l’a éprouvé récemment à ses dépens, il y a souvent loin de la coupe aux lèvres.

( ∗ En 1971, lors du tournoi des candidats, Bobby Fischer battit Taïmanov puis Larsen 6 à 0. )

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Dimanche 4 octobre, salle d’apparat du château du Charmois

Vandoeuvre V en N4, contre les postiers de l’ASPTT Metz, dans la salle d’apparat du 2ème étage donc, comme il sied à l’équipe dans laquelle évolue notre président bien-aimé (je le rappelle pour les jaloux).

Comme Jiji, Gégé avait bien tout écouté le cours du vendredi de Christophe. Il commença donc par sacrifier un pion, puis un second, pour des compensations qui restaient encore à découvrir. Puis encore deux autres, pour ne pas se faire mater. Prenant l’eau de toute part, il préfèra quitter le navire avant le naufrage.

Arrachée à son portable, règles de la FIDE obligent, Juliette dépérissait à vue d’oeil. Heureusement, son agonie ne dura pas de manière inconsidérée, et elle put retrouver assez rapidement son Précieux. Notre jeune élève de terminale prit sa défaite avec philosophie, sa nouvelle matière préférée.

 

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En voyant les trois premiers coups kamikazes de son adversaire (d4/e3/c3), Christophe N se souvint brusquement de la partie de Bobby étudiée vendredi : il décida alors d’avancer le pion d d’une case supplémentaire, troquant son Est-Indienne fétiche contre une Grunfeld. Bien lui en a pris : victoire nette et sans bavure, et un point pour nous.

Après avoir récité les grandes lignes théoriques du Gambit Dame, mon adversaire décida brusquement d’envoyer les pions de son roque à l’assaut de mes remparts. Mais à jouer trop agressivement, on finit par se découvrir. Le monarque adverse s’aventura imprudemment sur une case périlleuse, et la punition ne se fit pas attendre : un sacrifice de cavalier m’ouvrait la porte d’un mat en deux imparable. Comme Spassky naguère, le postier messin m’applaudit debout (encore que cela ne soit pas attesté par tous les témoins de la scène, il y a des gens mesquins).

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Claude avait lui aussi sacrifié une pièce pour obtenir 3 pions passés liés. Ils s’approchaient inexorablement de la promotion lorsque tout à coup notre joueur-arbitre se souvint que Christophe avait expliqué pendant son cours que Fischer sacrifiait souvent la qualité… ce qu’il fit. Ne pouvant éviter un mat imparable, il abandonna.

A 3-2 en notre défaveur, notre salut ne pouvait venir que de la table 1, où Alexandre P. ferraillait avec courage dans une position difficile. Les consignes du capitaine étaient pourtant claires : nulle interdite et exploit obligatoire. Plus personne ne m’écoutant depuis longtemps, notre journaliste prit une nouvelle fois sa plume, qu’il a fort alerte, mais ce fut pour signer sa reddition.

Défaite 4-2, et seule équipe vandopérienne à perdre… mais c’est pas de notre faute, messieurs-dames : c’est parce que Jean T. était malade !

En bonus : faites-vous la main spécial interclubs !

 

Aliaume BoesA gauche : les Blancs jouent et gagnent !de Talancé - Rebours

(Aliaume- Rémi Boes : 1-0)

A droite : les Blancs matent en 3 coups !

(Capitaine Patate – Christian Rebours : 1-0)

 

 

 

 

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