A J-10 de l’ultime journée d’interclubs, mon équipe était complète mais il manquait deux joueurs en N4, deux autres en R1 et quant à la R2 on verrait bien. «Donc aucun problème avec la composition de nos équipes», avait conclu le MIDGDTN et j’en oublie sans doute. «Passons à présent au point crucial de la réunion du Comité Directeur. Jean : y aura-t-il de la mousse au chocolat pour la fête des 20 ans du club ?»
A J-2, il n’y avait toujours aucun souci avec nos équipes. Certes, Jean T devait être rentré impérativement à Nancy pour 20H30, mais j’avais réussi à l’échanger avec Yannick. Certes, je venais d’apprendre que finalement Gérard devait repartir pour Londres et que Zakaria ne pouvait être du déplacement à Epinal pour cause d’horaire de départ trop précoce, mais il suffisait de faire monter Bérénice en N4, de mobiliser Jean P en R1, de faire voyager Constantin dans les Vosges, puis à Metz, ou plutôt finalement à Vandoeuvre, de demander à Théo s’il était disponible mais il était déjà prévu dans une autre équipe, d’envoyer quand même Zak dans les Vosges c’est comme ça et pis c’est tout, de poser 4 et de retenir 2, de trouver l’âge du capitaine mais ce n’était pas le plus dur, et avec Carlsen le chat noir du Charmois et Douchka le Labrador de ma mère (qui ne peuvent pas jouer dans la même équipe), sans compter Sophie la girafe, on devait quand même y arriver, du moins si on réglait la question des chauffeurs pour Metz et Epinal (inutile de demander à Sophie par exemple)… Et quand Christophe N m’envoya un texto dimanche matin pour me dire qu’il préférait ne pas conduire car il avait un début de grippe, j’eus le secret espoir qu’il s’agissait d’un poisson d’avril tardif…
Ceci dit, je reconnais humblement et publiquement que l’indécrottable optimisme foncier du DGDTNMI et tant pis si j’en oublie était parfaitement fondé : comme chaque année, nous avions rempli FACILEMENT toutes nos équipes pour ce dernier weekend de compétition et je rends ici un hommage vibrant au forfait illimité de Katia sans qui rien n’aurait été possible (sans oublier bien entendu les talents de négociateur de Cédric : aux dernières nouvelles, le RAID serait très intéressé)…
Ce long préambule pour vous expliquer qu’avaient pris place dans la puissante automobile conduite par l’auteur de ces lignes Yannick, Sylvain, Florian, Christophe N et sa grippe. Chédy, notre 6ème homme sur la feuille de match, voyageait quant à lui dans le coffre, véhicule de 5 places oblige. Direction Metz, et plus précisément la rue des Robert, ce qui n’a rien d’anormal quand on joue contre des Messins (je précise à l’intention des lecteurs de L’Humour pour les Nuls qu’il y a ici un jeu de mots).
A l’arrivée, point de Robert, mais une porte. Close. Là encore, rien d’inhabituel de trouver rue des Robert une maison close. Fort heureusement, un Robert à fort accent italien mais aussi sympa qu’un compte rendu d’Alain Baris ne tarda pas à nous ouvrir, bientôt rejoint par 4 autres Robert tout aussi sympathiques mais sans accent italien et que nous découvrîmes être nos futurs adversaires. 4 plus 1 égalant 5, le lecteur attentif (oui, au singulier, hélas…) aura compris qu’il en manquait un. Certes, mais c’est parce que j’ai oublié de préciser – étourdi que je suis ! – que la veille au soir le capitaine messin – appelons-le Robert pour la clarté de l’exposé – m’avait prévenu qu’il leur manquerait un joueur, ce qui nous arrangeait bien vu qu’on avait oublié Chédy dans le coffre (c’est toujours pratique, une Sirène, même petite, en cas de vol). En revanche, ce qu’il ne nous avait pas dit, le capitaine de l’équipe mosellane, c’est qu’ils nous domineraient de 100 à 200 points Elo sur tous les échiquiers, hormis le premier et, évidemment, le dernier… Mais bon, avec un accueil sympathique, un café offert, pas de pression et un point d’avance, tous les ingrédients étaient réunis pour passer une bonne après-midi à pousser du bois.
Justement, lorsque mon adversaire et ses 1665 Elo poussa le premier pion blanc jusqu’à la case b4, je compris instantanément que : 1) il s’était préparé spécifiquement contre moi ; 2) il avait des petits soucis d’audition. En effet, son capitaine avait certainement dû lui dire : «tu vas jouer contre le capitaine Patate», et lui avait dû comprendre, surtout avec l’accent italien : «je joue contre un macaque ? Bon, ben alors je vais lui faire une orang-outan !». Seulement, ce n’est pas à un vieux singe comme votre serviteur à qui on apprend à faire des limaces. Pas de chance pour mon Robert, j’avais par hasard regardé vite fait un truc là-dessus la veille au soir, et chose incroyable, je me souvenais à peu près des 5 premiers coups de l’ouverture ! Du coup, qui se trouvait mieux ? C’était pas Bobby, c’était bibi !
Un qui se retrouva également rapidement mieux, c’était Florian. Tellement mieux d’ailleurs que Floflo le Héros gagna sa partie de blitz en moins d’une heure ! Yannick, en revanche, était nettement moins bien : ses pièces manquaient d’air et son roi faisait l’aller retour entre les cases h8 et g8. Par bonheur, un sacrifice de pièce sans doute prématuré sur son roque lui permit de retrouver du jeu… avec une pièce de plus. Il n’allait pas tarder à nous rapporter le 3ème point.
Sacrifice également pour ma pomme, mais de pion, pour ouvrir des lignes sur le monarque adverse resté au centre. Une intuition géniale, comme souvent, mon instinct me trompant rarement : du coup, je me retrouvai avec un pion de moins et, le roi blanc ayant réussi à roquer, des compensations qui restaient à découvrir… Heureusement, je parviendrai à regagner mon pion, à passer une tour sur la 2nde rangée, et devant cette démonstration de force, mon adversaire, dans une position égale mais condamné à défendre, me proposera une répétition de coups que je m’empresserai de prendre, la nulle étant synonyme de victoire pour nous…
En effet, la défaite de Sylvain qui abandonnera le point de politesse à nos hôtes ne changera rien au résultat final. Ne restait plus que Christophe et ses deux pions de plus, mais doublés sur une colonne semi-ouverte, et qui acceptera la nulle (j’en connais une qui ne sera pas contente…) synonyme de retour plus tôt dans nos foyers respectifs.
Résultat final : 3-1 pour Vandoeuvre, et la 2nde place du groupe !
Générique :
Pour mon dernier con-te rendu de l’année, je voudrais remercier et féliciter tous mes acteurs, du premier rôle au plus humble figurant.
Bravo et merci, dans le désordre, à Jean, Jiji, Gégé, Juliette, Johann, Dorian, Sylvain, Chédy, Christophe N, Alexandre P, Yannick et Claude.
Et à l’année prochaine – j’espère ! – pour d’autres aventures !