Une patate en NIV : chapitre 1 (Pont-à-Mousson)

par

Matthieu Pourquet

publié le

13 octobre 2014

1415vand3Ceci est une allocution du capitaine Patate.

Vandopériennes, Vandopériens, c’est la gorge nouée par l’émotion que je m’adresse à vous aujourd’hui. L’instant est solennel, car la situation est grave et je ne fuirai pas plus longtemps les responsabilités qui sont les miennes.

Vandopériennes, Vandopériens, vous avez exprimé votre mécontentement et votre déception. J’ai entendu votre message, parce qu’il est clair. Trop de mots, pas assez d’images. Trop d’allusions obscures à des écrivaillons morts dont tout le monde se tape. Trop d’allitérations, de métaphores filées, de figures de style. Trop de citations, de digressions, de transgressions. Pas assez d’échecs, d’analyse de variantes, de diagrammes. Des réformes sont nécessaires, et je ne me déroberai pas.

C’est pourquoi, moi, capitaine Patate, j’ai décidé de procéder à un remaniement en profondeur de mes con-te rendus. Terminés, les envolées lyriques, les phrases à tiroir et les jeux de mots approximatifs, ces pets de l’esprit à côté desquels ceux de Gilbert Montagnié ou de l’Almanach Vermot font figure d’incarnation de l’esprit français. (Les jeunes ne peuvent pas comprendre. C’est fait exprès. Je les hais. Pourquoi ? Parce qu’ils sont jeunes.) Finies, les allégories, les parodies, les diableries, la république de Seichanie, les barbouseries. Disparus les étrangleurs slovaquo-moldaves et les coachs sadiques (pléonasme). Exit les attaques ad hominem, les métaphores in praesentia ou in absentia, les vers de mirliton, le latin de cuisine. Terminada les bouffonneries de clown triste. J’enlève mon nez rouge et enfile le costume du spécialiste.

A présent, je joue en N4. J’ai pris de l’épaisseur (surtout les chevilles, d’ailleurs). Il est temps d’initier aujourd’hui une nouvelle étape. Ce seront des con-tes rendus resserrés, cohérents et soudés. Comment dire ? Des con-te rendus de combat sans blabla. Des faits et de la nalyse, je m’y engage. Des 7… Cc6 est critique. Des si hxg6, alors 12 Fg4 avec l’idée Df3-h3. Du court, du précis, du scientifique. Du court, surtout.

Oui, du court… parce que j’ai plus d’idées… Gnéhéé…

(Note du Traducteur : ceci est un gloussement présidentiel. L’auteur s’excuse : il est très nul en imitation. D’ailleurs, il s’efforce depuis des années d’imiter Karpov, Kasparov ou Carlsen, avec l’insuccès que l’on sait).

C’était une allocution du capitaine Patate.

Repos, vous pouvez fumer.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la reprise des interclubs ce dimanche ne s’annonçait pas sous les meilleurs hospices, comme l’écrivent les jeunes (si,si, j’ai des preuves…). L’avant-veille, à l’entraînement, et avec une science très sûre, j’avais systématiquement indiqué les coups les plus mauvais, dans un duo comique longuement répété avec le coach de manière à pimenter sa séance (je dis ça pour les nouveaux, pour qu’ils ne s’imaginent pas que je suis irrémédiablement idiot). Mais le plus inquiétant, c’est que mes petits camarades Jiji l’Amoroso et Alex Papymotard avaient eux aussi montré des signes de fébrilité… et on joue dans la même équipe.

L’équipe, justement, parlons-en. Pour affronter Pont-à-Mousson, j’avais opté pour un savant dosage des générations, une équipe mixte, mi jeunes pousses (toi d’là que j’ m’y mette), mi vieux blaireauxriscards, avec Jiji au 1 dans le rôle du barbu.

Ce n’est pas vraiment une surprise : la salle nichée au coeur de l’Abbaye des Prémontrés est spacieuse, les échiquiers sont en bois, le café gentiment offert est sucré et la feuille de match, salée… nous sommes dominés sur tous les échiquiers.

Une fois n’est pas coutume, parlons de moi. Dès le 5ème coup, je peux gagner une pièce nette. Mais, grand seigneur, je préfère laisser encore un peu durer le suspense en jouant autre chose. L’occasion se représente toutefois cinq coups plus tard. En voulant gagner un temps sur ma dame, le conducteur des Blancs m’oblige à la déplacer sur une bonne case, où elle peut prendre en enfilade le fou c4 et le cavalier c3… Plutôt que de perdre une seule pièce, le Mussipontain préfèrera en perdre deux en se trompant dans son attaque à la découverte. Une ultime erreur tactique mettra fin à la partie au 16ème coup… on gagne toujours plus vite lorsque l’adversaire se montre coopératif.

« Le pré (montré) est vénéneux mais joli en automne / Les vaches y paissant / Lentement s’empoisonnent… » Pour avoir méconnu ses classiques, l’adversaire de Jiji, succombant au péché de gourmandise, croquera un pion empoisonné qui sera fatal à sa dame… 2-0

Pour son retour attendu à la compétition, notre président bien-aimé ne pouvait décevoir ses nombreux fans. Sa solide semi-slave résistera à tous les assauts de son adversaire. Ce dernier, n’ayant pas trouvé la clé du coffre-fort, se résignera à agréer la proposition de nulle. Nous menons toujours les débats.

Mais notre marge d’erreur se réduit après la défaite d’Alex qui, troublé par la défense Alekhine de son rival, s’emmêle un peu les pinceaux et perd une qualoche. Malgré ses efforts, il ne pourra pas revenir dans la partie.

Heureusement, nous creusons l’écart grâce à la belle victoire d’Aliaume, qui, à l’issue d’une partie toute en maîtrise, assènera l’estocade finale avec une fourchette (je vous déconseille formellement d’essayer avec un taureau).

Alexandre groggy par une Grob et foutu depuis longtemps en dépit d’une défense héroïque, le résultat final repose sur les épaules larges de Florian, qui mène d’une qualité, et frêles de Bérénice, qui a un pion de moins, puis deux… Autant dire que le pire est à craindre !

Par bonheur, et peut-être aussi par pur esprit de contradiction, le tonitruant mais si sympathique Florian aura raison de mon pessimisme foncier en signant la plus grosse perf du jour !!!

A 4-2, la longue agonie de Bérénice qui ne se résigne pas malgré l’évidence est anecdotique… mais retardera notre retour.

Qu’à cela ne tienne : Vandoeuvre III l’emporte 4 à 3 et réalise un véritable exploit !

Exploit qu’il faudra confirmer dès le 16 novembre contre St-Dié…

Oui mais, les diagrammes, les variantes, les nalyses ?

… Parce que vous croyez encore aux promesses, vous ?!

(détails du match à la rubrique « équipes »)

 

 

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